Culture : « L’occitan, qu’es aquò ? » : une découverte de la langue et de la culture occitane

Publié par Laurent Alibert le 6 septembre 2009 à 17:29 (CEST) ( 1894 visites )

La culture occitane est méconnue car son histoire est intimement liée à celle l’histoire régionale du Sud de la France. Avant l’italien ou le français, c’est la première langue vernaculaire issue du latin qui donna une littérature, celle des troubadours. Ceux-ci dont le nom vient du verbe de trobar, trouver, furent les modèles de de l’Europe médiévale et influencèrent les premiers poètes français, les trouvères. Après la Croisade contre les Albigeois, le Comté de Toulouse fut définitivement rattaché à la France en 1271 et la culture occitane perdit progressivement de son prestige, la langue occitane reléguée au rang de « patois ». Pourtant ce « patois » parlé dans tout le tiers sud de la France, y compris urbain, jusqu’au milieu du XIXème siècle est bel et bien la langue des troubadours.

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Ce n’est globalement qu’au milieu du vingtième siècle que la transmission familiale de la langue s’est rompue dans les villages de tradition occitanophone. Il existe cependant encore de nombreux locuteurs dont le témoignage est précieux sur la langue, mais aussi sur la culture occitane c’est-à-dire limousine, gasconne, languedocienne, auvergnate et provençale. C’est grâce à l’écoute des locuteurs de langue maternelle mais aussi à la Renaissance littéraire d’Oc initiée par le Félibrige au XIXème siècle (avec Frédéric Mistral, prix Nobel de littérature en 1904) et poursuivi par le mouvement occitaniste au XXème siècle que l’héritage de cette culture millénaire a pu se conserver et tente de s’adapter au monde malgré de nombreuses difficultés d’aujourd’hui à travers l’enseignement bilingue dispensés dans les Calandretas.

L’occitan du XXIème siècle est au cœur d’un paradoxe : alors qu’au XXème siècle la langue était majoritairement l’instrument de communication et la marque culturel d’un monde rural qui ne savait plus l’écrire depuis longtemps, la langue est aujourd’hui délaissée par la population rurale mais la production littéraire, et la musique occitane sont en expansion évidente. Le défi de ce siècle étant plus que jamais la sensibilisation de la population d’origine occitane, mais aussi de toutes celles vivant sur le sol historique de cette langue, afin que la richesse que représente cette culture ne tombe pas dans l’oubli mais reste vive.

Paname Occitania Studio est une association (loi de 1901) qui œuvre pour l’enseignement de la langue occitane et la promotion de la culture occitane à Paris. POS possède un studio d’enregistrement mobile qui a servit à enregistrer des chanteurs occitanophones à Paris. Depuis deux ans et demi, l’association invite des artistes occitans : musiciens et chanteurs, (du Limousin : Bernard Combi et Olivier Peyrat ; de la Provence, le groupe de musique médiévale Flor Envera) mais aussi des poètes en langue d’oc, comme Gui Matieu, poète provençal (Pròsa dei Jorn, I.E.O.)

Paname Occitania Studio ne réduit pas sa tâche à la fonction de promotion musicale autour de l’occitan que laisse transparaître son nom. L’association organise un cours d’occitan hebdomadaire et gratuit d’occitan sous le nom de « l’Apéro Occitan à Paris » chaque mardi de 19 heures à 21 heures dans l‘espace Maurice Solignac, dans les locaux de la Fédération Nationale des Amicales Aveyronnaises à laquelle s’est affiliée l‘association cette année. Les membres fondateurs de l’association ont tous eu la chance d’apprendre la langue occitane au sein de leur famille ce qui permet un enrichissement réciproque et constant du contenu du cours. Plusieurs des locuteurs et animateurs sont aveyronnais, mais d’autres sont originaires du Tarn, de l’Héraut, ou Provençaux, ce qui permet la représentation de différents dialectes et parlers occitans. Parmi les adhérents se retrouvant chaque mardi, tous les niveaux sont présents du débutant au locuteur de langue maternelle.

L’association a proposé plusieurs émissions de radios entre 2008 et 2009 sur les ondes de Radio Pays (93.1 FM), canal hertzien parisien consacrés aux langues minoritaires de France et dont l’émission du lundi soir et du mardi après-midi est consacré à l’occitan.

Des conférences « L’Occitan, qu’es aquò ? », visant à faire mieux connaître ce que sont l’occitan et la culture occitane ont été présentées devant divers public : à la Fédération nationale des amicales aveyronnaises, à la Peña Festayre devant « Los Rabalaires » ; à l’assemblée annuelle de l’ensemble de danses traditionnelles « La Bourrée Montagnarde ».

L’animateur de l’« Apéro Occitan à Paris » et fondateur de l‘association, Laurent Alibert, titulaire d’un Master d’Etudes Romanes Spécialité Occitan, est aujourd’hui doctorant en Etudes Occitanes à l’Université Paul Valéry - Montpellier III sur Jaufre, roman médiéval arthurien en occitan. Il a notamment été nommé examinateur pour l’option d’occitan (Langue d’oc) au baccalauréat en Île-de-France pour l’année 2009.

Les membres actifs de l’association se sont illustrés par divers travaux sur la langue et la culture occitane :

  • Rouergat, Lugan Bedel, le premier a organisé et présenté les conférences « L’occitan qu’es aquò ? ». Il a appris la langue occitane en famille et l’a étudié à l’Université de Toulouse - Le Mirail. Il a été examinateur pour l’option d’occitan (Langue d’oc) au baccalauréat en Île-de-France pour l’année 2008.
  • Musicologue et interprète catalane, Anna Mauri a chanté avec Domitille Vignero des musique des Troubadours dans le cadre des rendez-vous de l’Apéro Occitan à Paris (L’amor de lonh de Jaufré Rudel) et présenté un travail de recherche sur les pièces musicales du compositeur Deodat de Séverac mettant en musique des poèmes occitans (« Deodat de Séverac, un compositor occitan ? », colloque international de la Nouvelle Recherche en Domaine Occitan, Centre Universitaire Champollion, Albi 11-12 juin 2009)
  • Instituteur retraité, Luc Dejean parle l’occitan languedocien de l’Héraut depuis toujours. A l’écoute de l’Occitanie de son enfance, il a composé dans sa langue maternelle de nombreux contes poétiques ou drôles inspirés de la vie et de la culture paysanne de l’Héraut tel qu’il l’a connu .
  • Acteur et locuteur occitanophone, Mancinò Marie a créé un site qui coordonne les informations des différentes associations occitanes de la région parisienne, montrant ainsi la vivacité de la culture occitane en dehors de son aire historique : http://occitan.paris.free.fr. Ce site est le premier travail de coordination réalisé autour de L’Occitan à Paris. Il a également réalisé deux courts métrages en occitan en compagnie de Lugan Bedel et Gui Mathieu. L’un d’eux peut être visionné sur internet et permet d’appréhender la langue occitane dans le dialecte rouergat.
  • Domitille Vigneron est musicienne (chant et vièle à archet) et cofondatrice de Flor Enversa, qui propose des concerts sur l’Art des Troubadours (CD Savis e Fols-les chansons du troubadour Raimbaut de Vaqueiras - 2009) et de Flor Nouvele (CD Flor Nouvele - chants d’amour des femmes-troubadour -2006). Par ailleurs, elle se produit au sein de différents ensembles de musique ancienne au violon baroque, à la vièle à archet et à la flûte à bec.
  • Gui Mathieu, a enseigné l’occitan pendant plus de dix ans en Provence. Il se consacre aujourd’hui à la poésie et la traduction de poèmes et de pièces de théâtre français en occitan. Il publie régulièrement dans les revues littéraires occitanes de premiers plan comme OC.