FNA12 : Un café littéraire réussi

Publié par Robert Moiroux le 21 janvier 2015 à 10:48 (CET) ( 361 visites )

Le 19 janvier, un nouveau café littéraire s’est tenu à l’Espace Maurice Solignac de la Fédération Nationale des Amicales Aveyronnaises.
40 participants ont écouté Claudine Rascalou nous présenter brillamment le livre de Louis Mercadié « Marie Talabot » paru en 2007 et qui nous raconte l’histoire de cette femme d’exception « dans le tourbillon du 19 ème siècle ».
L’auteur aurait également pu donner ce titre à son ouvrage « Le Fabuleux destin de Marie-Anne Saby ».
Marie-Anne Saby – ou Savy – est née en 1822 à St Geniez d’Olt où ses parents menaient une vie simple, pauvre mais heureuse.
Elle est malheureusement rapidement placée à l’orphelinat, travaille à la filature dès l’âge de 9 ans puis comme bonne à tout faire à partir de 13 ans.
A 15 ans elle est envoyée à Marseille dans une famille de 12 enfants pour s’occuper des 6 derniers et profite de l’enseignement qui leur est donné.
En 1838 elle entre au service de Paulin Talabot. Cet homme brillant, après Polytechnique et les Ponts, devient un ingénieur visionnaire, inventeur des chemins de fer.
Soutenu dans ses projets par Napoléon III, il réalise le PLM, où, le 1er, il met en place une sorte de caisse de retraite pour les employés. Son adhésion à la doctrine du St Simonisme n’y est pas étrangère.

Malgré une différence d’âge de 23 ans, un amour réciproque naît entre Marie et Paulin qui, attiré par sa beauté et son intelligence, développe son éducation, l’initie aux arts, à la littérature et aux langues étrangères.
Dès 1848, elle est reçue en tant que Madame Talabot et le couple s’installe à Paris dans le quartier le plus luxueux de la capitale, près des Tuileries, en 1853.
Marie y devient l’ambassadrice de la mode, elle fréquente la cour de Napoléon III et les plus illustres personnages de Paris qu’elle reçoit ensuite lorsqu’elle crée son propre salon.
A 35 ans, elle épouse son compagnon alors âgé de 58 ans.
C’est à cette époque qu’il achète un rocher blanc au-dessus de Marseille, la bastide du Roucas blanc.
Les travaux pharaoniques qu’il y entreprend sont une folie à 6 millions de francs … où Marie y recrée l’ambiance de la Villa Médicis, pas moins !
En 1871, à 72 ans, Paulin perd la vue suite à un accident de chantier, il se tourne alors vers la religion, revend ses appartements de Paris pour y acheter un hôtel particulier.
Il décède en 1885 à 86 ans et Marie reçoit la pleine propriété d’une partie des biens de Paulin et le reste en usufruit, sans compter les actions qu’il détenait.
Elle se met alors à voyager puis reprend sa vie mondaine parisienne.
Elle y rencontre un beau capitaine, coureur et joueur, dont elle tombe amoureuse. Il joue, elle paie les dettes. Il a 46 ans et elle 64 … Le 26 novembre 1889, à l’âge de 67 ans, elle décède des suites d’un fatal refroidissement.
Elle est inhumée à St Geniez selon ses dernières volontés où un énorme mausolée lui est ensuite construit sur les hauteurs de la ville.
Lors des rares visites qu’elle avait faites à ce bourg durant sa vie, elle n’y cache pas sa réussite, et sa générosité pour l’orphelinat, l’hospice où ses gestes de bienveillance n’ont pas suffi à ce que la population l’accueille avec sympathie puisqu’au contraire elle y est insultée. Seuls les notables la reçoivent avec les honneurs dus … à sa richesse !
Dans son testament, elle n’oublie pas, malgré tout, ses origines et lègue beaucoup d’argent à l’orphelinat où elle a séjourné enfant ainsi qu’aux œuvres pour les enfants et les vieillards.

Après cette présentation, Marie Luxembourg a apporté la contradiction à Claudine Rascalou … ou plutôt à Louis Mercadié après avoir relevé dans son livre quelques erreurs ou incohérences d’après ses propres recherches, en particulier généalogiques, dont Marie est une passionnée éclairée.
Elle considère par ailleurs que Marie Talabot était généreuse à bon escient, demi-mondaine, mais par ailleurs féministe avant l’heure et d’une grande intelligence et d’une non moins grande culture.
S’en est suivie de sa part une intéressante rétrospective sur le féminisme et l’évolution du droit des femmes dans l’histoire de France récente.

Un café littéraire passionnant donc, présenté par deux passionnées qui ont parfaitement rempli le rôle qui était le leur ce jour-là, à la grande satisfaction de celles et ceux qui les ont écoutées avec un intérêt non dissimulé.

Enfin, il ne faut pas oublier de mentionner la présence de Philippe Ramond, notre poète préféré, qui nous a gentiment gratifiés de la lecture de plusieurs de ses merveilleux poèmes dont le dernier, « républicain » comme il le caractérise si bien, et qu’il a écrit suite aux tragiques événements que la France vient de connaître.

Cette après-midi de culture et de convivialité s’est bien entendu terminée par le verre et les gourmandises de l’amitié, bien sympathiquement préparés par Josette Pègues.

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Philippe Ramond, Claudine Rascalou et Marie Luxembourg
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Une partie de l’assemblée