FNA12 : Conférence du mercredi 14 Mai 2014 dans les Salons du Sénat « La Police Technique et Scientifique, au cœur de l’enquête »

Publié par Claudine Rascalou le 2 juin 2014 à 18:06 (CEST) ( 283 visites )

Cette conférence a attiré de nombreux participants très heureux d’être dans les Salons du Sénat, palais plein d’histoire et de magnificence. La soirée débute par l’apéritif dans un décor grandiose.
Puis, dans la salle à manger, tout aussi impressionnante, le président de la FNAA, Gérard Paloc, remercie les personnalités présentes ou excusées et présente M. Charles Diaz, le conférencier, « un des plus grands flics de France, mais aussi un auteur à succès ».
Selon Eric Felgines, Président de la Commission Culturel, la FNAA « a voulu, avec cette conférence, célébrer le centenaire de la Brigade Criminelle en s’intéressant plus particulièrement aux aspects techniques et scientifiques mis en œuvre dans le cadre des enquêtes ». Il présente M. Genthial, « grand policier aveyronnais » qui atteindra le poste de directeur central de la police judiciaire, maintenant retraité et directeur honoraire de la police nationale et grâce à qui nous avons contacté M. Charles Diaz pour cette conférence.
Il retrace le parcours de ce dernier : « inspecteur, puis commissaire de police en Police Judiciaire : brigade criminelle de Paris (1980-1984), chef du bureau d’études et d’organisation de la police scientifique et technique (1988-1991), chef d’état-major de la Police Judiciaire (1991-1994), de l’Etat-major de la Direction centrale (en 1994). Adjoint au chef de la division nationale antiterroriste (1994-1995). Commissaire divisionnaire (1997). Sous-directeur au service de coopération technique internationale de police (1998-2001). Contrôleur général de la Police Nationale conseiller pour les questions criminalistiques (depuis 2001). Et il profite de ses longues nuits pour écrire des livres ».

Charles Diaz nous demande tout d’abord d’oublier tout des films policiers et des séries !
La Police Technique et Scientifique ne désigne pas un coupable mais est une aide précieuse des enquêteurs pour concourir à la mission de la police judiciaire.

M. Diaz retrace les grandes étapes du passé :
- En 1850, la Troisième République vote des lois très dures qui ne peuvent être appliquées car on ne sait pas établir l’identité des gens : il n’existe que des « physionomistes » et des « moutons » (personnes placées dans les cellules pour faire parler les détenus, par exemple).
- Alphonse Bertillon trouve le premier moyen scientifique d’identification : les mesures anthropométriques.
- Ce système est remplacé par la prise en compte des empreintes digitales, uniques, qui apparaissent sur le fœtus à 6 mois et ne disparaissent que longtemps après la mort. Elles sont classifiables, ce qui permet l’identification à distance.
- En 1910, le premier laboratoire scientifique est créé en France, à Lyon, grâce à Edmond Locart.
Il cite les affaires marquantes, Jeanne Weber, l’ogresse de la Goutte d’Or… Landru…
En 1985 , l’arrivée de l’ADN marque une véritable révolution technique puisque ce moyen permet l’identification grâce a des quantités infimes.
Aujourd’hui le dispositif est composé de la Police Nationale et de la Gendarmerie. Dans 20 départements, il y a une action de mutualisation des deux. Mais les moyens mis à leur disposition sont trop réduits : 80 personnes en 1890, 445 en 1950, 4200 en 1996 et 10500 en 2014.
La Police Technique et Scientifique a quatre niveaux de compétence :
1er niveau : opérateurs qui recherchent des traces
2ème niveau : services spécialisés qui utilisent des moyens très sophistiqués
3ème niveau : spécialistes hautement qualifiés
4ème niveau : experts qui élaborent des rapports de qualité et donnent leurs conclusions devant les tribunaux.
La priorité absolue est de protéger et préserver la scène d’infraction et de la figer par des plans, photos, vidéos, reconstitutions en 3D parfaites, grâce à des logiciels.
Puis, commencent la recherche et le prélèvement des traces et des indices (Principes de l’Echange de Locart : on emporte toujours quelque chose et on laisse toujours quelque chose sur place).
Les personnes mises en cause sont signalisées dans des fichiers informatisés (plus de 30 000 traces digitales et 20 000 traces génétiques y figurent déjà et les nouveaux rentrés leur sont comparés). M. Diaz évoque des affaires criminelles révélatrices : Thierry Paulin identifié grâce aux empreintes en 1980 et Guy Gorge grâce à l’ADN.
Les recherches en cours concernent les voix, les odeurs et la reconnaissance faciale..
Mais le budget de la Police Technique et Scientifique est encore trop réduit, ce qui explique que, pour chaque petit délit, on ne peut mettre en œuvre des moyens importants. Par ailleurs, la prise en charge par les politiques, de droite ou de gauche, est un frein : il faut un bon équilibre entre les méthodes classiques et les méthodes techniques et scientifiques.

La conférence se termine par l’intervention de M. Genthial qui évoque des souvenirs de sa carrière et de ce qui a été créé sur le plan industriel : le N°1 mondial d’identification par la biométrie, par exemple.

En conclusion, on peut dire qu’aujourd’hui la brigade criminelle continue de forger sa réputation sur ses méthodes d’investigation implacables qui en font une experte internationale de la lutte contre le crime.

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